Revue de littérature comparée - N°2/2020
Repenser l’histoire littéraire à partir de Raymond Schwab
- 128 pages
- Livre broché
- 15 x 23 cm
- Revue de littérature comparée
- N° dans la collection : 374
- Parution : 22/09/2020
- EAN13 : 9782252045046
- Code distributeur : 67417
Sous la direction de : Claire Gallien
Sous la direction de : Sarga Moussa
Présentation
Claire Gallien : Sur la préface d’Edward Said à la traduction anglaise de La Renaissance orientale (1984) de Raymond Schwab : De « l’humanisme intégral » à « l’humanisme démocratique »
Le présent article examine la réception de Schwab dans le domaine anglophone, d’après la préface qu’Edward Said publie pour la traduction anglaise de La Renaissance orientale en 1984. La lecture enthousiaste que fait Said, auteur d’une critique virulente de l’orientalisme, de Schwab, apologiste de la renaissance orientaliste, paraît paradoxale. Je défends l’hypothèse que le rapprochement entre Said et Schwab se joue moins au niveau de l’orientalisme qu’autour de l’enjeu de l’humanisme, « intégral » chez Schwab et « démocratique » chez Said. Si l’on tient compte du panorama académique qui est celui de Said dans les années 1970-1980, et de l’engagement de l’intellectuel pour la critique philologique, de la pensée de l’affiliation, et de la question de l’humanisme démocratique, le rapprochement paraît beaucoup moins incongru. Mon article propose une étude du lien qui unit Said à Schwab précisément au-delà de l’orientalisme.
Sarga Moussa : « Voyager c’est traduire. » Relire le Voyage en Orient de Lamartine à la lumière de Raymond Schwab
On voudrait ici proposer l’hypothèse selon laquelle le Voyage en Orient (1835) de Lamartine révèle la même fascination face à l’islam que celle décrite par Schwab dans La Renaissance orientale (1950) à propos de l’Inde. Le journal de voyage lamartinien contribue à instaurer une nouvelle relation à l’Orient, qui s’appuie sur des médiateurs dont le rôle est capital pour comprendre la démarche d’ouverture à l’autre de son auteur. On prend pour exemple de ces figures médiatrices le guide-interprète Mazoillier, l’agent consulaire Beaudin, enfin le portrait idéalisant du Turc en pieux philosophe auquel s’identifie le narrateur dans certaines de ses descriptions de Constantinople.
Guillaume Bridet : Yggdrasill (1936-1940) : une revue entre cosmopolitisme, impérialisme et universalisme poétiques
Les quarante-six livraisons de la revue Yggdrasill, qui paraissent entre avril 1936 et avril 1940 sous la direction entre autres de Raymond Schwab, témoignent d’une extraordinaire ouverture culturelle avec la présence de la poésie française, mais aussi de toute une série de poèmes venus d’ailleurs, et parfois de fort loin. La revue permet de saisir certaines des difficultés auxquelles confronte le changement d’échelle du national au mondial prôné aujourd’hui par certains chercheurs. En envisageant tour à tour trois figures de la mondialité (le cosmopolitisme, l’impérialisme et l’universalisme), on envisagera certaines de ces difficultés.
Chloé Chaudet : Raymond Schwab et la pensée occidentale de l’engagement : vers un renouveau transculturel de l’histoire littéraire
Cet article interroge la mise en sourdine de la politique qui caractérise La Renaissance orientale ainsi que des écrits plus littéraires de Raymond Schwab, et propose de l’interpréter comme la formulation d’un autre type d’engagement que celui qui domine la sphère européenne et nord-américaine au milieu du XXe siècle. Reconfigurant le concept dix-neuviémiste d’intellectuel en lui conférant une portée cosmopolite novatrice, l’engagement qui caractérise l’œuvre de Schwab peut ainsi être conçu comme prémisse et prémice de certaines des approches transculturelles de l’histoire littéraire qui se multiplient depuis la deuxième partie du XXe siècle.
Ninon Chavoz : Fictions « d’innombrable » : la Renaissance romantique chez Raymond Schwab (1950) et Tristan Garcia (2019)
Cet article s’attache à la définition d’un « nouveau romantisme » contemporain dont le romancier et philosophe Tristan Garcia serait l’un des plus remarquables représentants. Son dernier roman en date, Âmes. Histoire de la souffrance (2019), présenté comme le premier volet d’une trilogie en devenir, met en place un modèle « ultra-narratif » que l’auteur associe lui-même à un modèle « venu du bouddhisme ou de l’hindouisme ». En se fondant systématiquement sur les hypothèses énoncées par Raymond Schwab, cet article propose une lecture d’Âmes comme une résurgence de l’épopée romantique, dans laquelle l’influence orientale serait autant thématique que formelle, manifeste dans une prédilection pour les romans de l’abondance et de « l’innombrable ».
Tristan Leperlier : Pour une histoire littéraire transnationale : La littérature algérienne entre « Intégral » et « Intégrisme »
Partant d’une réflexion critique sur La Renaissance orientale de Raymond Schwab, qui en appelle à un « humanisme intégral », cet article propose une méthode d’histoire littéraire transnationale réintroduisant le politique, et illustrée à partir du cas algérien. En particulier, à l’encontre d’une téléologie de l’intégration, ou encore d’un métissage universel, cette méthode permet de mettre en lumière les tensions permanentes et dialectiques au sein d’une littérature postcoloniale entre intégration à l’international, et construction parfois « intégriste » d’une spécificité nationale.
Michaël Ferrier : Japon : « l’interlocuteur invisible ». L’absence du Japon dans La Renaissance orientale de Raymond Schwab
Le Japon est pratiquement absent de La Renaissance orientale : l’archipel nippon n’y est jamais évoqué, représentant paradoxalement la silhouette fantomatique de cet « interlocuteur invisible » dont parle Schwab à propos de « l’Asie » dans la pensée de l’Europe, au moment même où il s’applique à la dissiper. Que nous apprend cette absence des circonstances historiques, de l’horizon épistémologique et des présupposés méthodologiques de La Renaissance orientale ? Plus profondément encore, que nous dit-elle de la construction, du développement et des limites de « l’humanisme intégral » ?
Biographies Contributeurs
Sarga Moussa
Chercheur au Fonds national suisse de la recherche scientifique (en 1995).