L’art n’est pas, pour Adorno, un objet régional parmi d’autres mais, à l’égal de la philosophie, une pensée capable de se rapporter au vrai.
Entre les années 1930 et 1968, le philosophe de Francfort a consacré six cours à l’esthétique, qui ont nourri son livre Théorie esthétique, paru à titre posthume. Chacun de ces cours avait sa cohérence propre, celui de 1958/59 a pour spécificité de porter l’accent sur la conception matérialiste de l’art, notamment à travers une analyse très singulière de l’œuvre de John Cage.
Reprenant des considérations qu’il avait déjà développées dans le champ de la musique, Adorno les réinscrit, grâce à ce cours, dans une élaboration théorique plus large. Certains concepts cruciaux de son esthétique — construction, expression, mimèsis, rapport de sens, beauté — sont explicités de la manière la plus rigoureuse et intégrés à une interrogation proprement philosophique de l’art, nommée « expérience ».
Ce cours, inédit en français, est une introduction critique à l’esthétique. Esthétique que le philosophe confronte inlassablement aux limitations caractéristiques des esthétiques de la réception. Introduction critique qui lui permet de déplacer ses propres réflexions pour faire apparaître la contradiction extrême d’un art en passe de devenir indifférent à la qualité sensible de l’esthétique.
Presse
On découvrira la complexité des outils élaborés par le philosophe - se confrontant à Platon, à Kant, à Hegel, ou à l’œuvre musicale de John Cage - pour rapprocher l’art d’une « expérience de vérité ».
Libération - 30/01/2021
Tous ceux qui connaissent le pessimisme d’Adorno seront bouleversés par cette ultime – et brillante – tentative de sauver l’expérience du beau des dévoiements auxquels la soumettent désormais les mécanismes du marché.
Marianne - 14/05/2021
Biographies Contributeurs
Theodor Wiesengrund Adorno
Philosophe, sociologue, compositeur, musicien et musicologue, Theodor Wiesengrund Adorno (1903-1969) est un d'un des principaux représentants de l'école de Francfort (philosophie), au sein de laquelle a été élaborée la « Théorie critique » (Théorie esthétique, traduction française : Klincksieck, 1985) et de la seconde école de Vienne (musique), théoricien de la « Nouvelle Musique ».
Michel Métayer
Michel Métayer est germaniste. Ancien directeur de l’École des beaux-arts de Toulouse. Il participe à l’édition allemande du volume des œuvres complètes (Werke und Nachlaß) de Walter Benjamin consacré à ses traductions (tome 7) et dirige l’édition française.
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Notice éditoriale
Note des traducteurs
Esthétique 1958/59
Premier cours
Situation — Possibilité d’une esthétique philosophique aujourd’hui — Relation entre philosophie et esthétique chez Kant — Définition hégélienne du beau — Objectivité esthétique — Critique d’une « esthétique par le haut » — Sur la méthode — Problème de la relativité esthétique — Objectivité du jugement esthétique — Logique esthétique — Irrationalité de l’art — L’œuvre d’art comme expression de la naïveté — Recherches fondamentales dans le domaine de l’esthétique
Deuxième cours
Ceci n’est pas un mode d’emploi — Le préjugé individualiste — Talent — Résistances à l’esthétique — Les pôles d’une lucidité esthétique : (a) Réflexion théorique — (b) Expérience de la pratique esthétique — Contre la finesse — Caractère énigmatique — Justification de la philosophie de l’art — « Esthétique » équivoque — Beau naturel et beau artistique — L’éloignement hégélien du beau naturel — Le moment non résolu du beau naturel
Troisième cours
Fugitivité du beau naturel — Caractère de modèle du beau naturel — Aura — Expérience d’un objectif — « Atmosphère » — Médiation du beau naturel et du beau artistique — Historicité du beau naturel — Le sublime chez Kant — Expérience esthétique dialectique en elle-même — « Plaisir désintéressé »
Quatrième cours
Sphère particulière de l’apparence esthétique — Tabou du désir — Sublimation — Dissonance — « Appel du printemps, péril charmant » — Mimésis — Imitation — Transition
Cinquième cours
Séparation entre art et monde réel — Jeu et apparence — « Le monde encore une fois » — Art comme « déploiement de la vérité » — Négation du principe de réalité — Expression de la souffrance — Participation de l’art à la domination de la nature — Technique — Progrès
Sixième cours
L’art ne donne-t‑il expression qu’à ce qui est détruit ? — Restitution du corps — Partir de l’art le plus avancé — L’idéal expressif de l’expressionnisme — Principium stilisationis — Construction — Dialectique de l’expression et de la construction
Septième cours
Nature historiquement — Construction et forme — Critique de la création — Crainte de l’expression — Réduction de l’individu — Silence après Auschwitz — Crise du sens — Limite de la construction
Huitième cours
Crise du sens (suite) — Amener la nature mutilée à parler — Expression de l’aliénation — Aliénation — Conséquence de la construction — Aléatoire — Problème des caractères
Neuvième cours
La doctrine platonicienne de la beauté — Introduction à l’interprétation de Phèdre — Enthusiasmos — Beauté comme forme de délire — Saisissement — Douleur comme constituant de l’expérience du beau — Aucune définition — Idée — Subjectivité du beau — Imitation de l’idée de beauté — Moment de danger dans la beauté
Dixième cours
Suite de l’interprétation de Phèdre — Paradoxie du beau — Copie de la beauté — Affinité avec la mort — S’élever au-dessus du monde conditionné — Théorie kantienne du sublime — Sensible et spirituel en art — Champ de forces
Onzième cours
Ontologie et dialectique chez Platon — Rapport du beau et de l’art — Le moment du laid — Le moment du plaisant sensible — L’expérience esthétique — « Jette pour gagner ! » — Sens du tout
Douzième cours
Récapitulation — Jouissance de l’art — L’habitant — Fétichisme — Jouissance esthétique — Percée — Dépassement du principium individuationis — La compréhension des œuvres d’art
Treizième cours
Traversées réflexives — Bêtise esthétique — Traduction, commentaire, critique — Spiritualisation de l’art — Constructivisme — Dialectique des moments sensibles et spirituels dans l’œuvre d’art
Quatorzième cours
Teneur spirituelle — Relation de structure — Champ de forces — Allergie au plaisant sensible — Esthétique sans beauté
Quinzième cours
Rectifications pour la détermination de l’œuvre d’art — Aliénation — Relation à l’objet en art plastique — Art « abstrait » — Forme comme contenu sédimenté — Perte de tension — Conditions théoriques de l’expérience artistique
Seizième cours
Beauté et vérité — Naturalisme — Vérité de l’expression — Ajustement — Nécessité — L’idée du beau comme chose mue en soi — Homéostasie — La vérité médiatisée
Dix-septième cours
Subjectivisme et objectivisme en esthétique — Critique hégélienne du goût — Physionomie de l’esthète — Goût quand même — Expérience accumulée — Mode
Dix-huitième cours
Critique du subjectivisme esthétique — Critique de l’esthétique psychologique — Méthode — Immédiateté de la réaction subjective médiatisée — Consommation du prestige — La relation émotionnelle à l’art
Dix-neuvième cours
Récapitulation — The Tired Business-Man’s Show — Synthèse sans concept — Connaissance de l’art — Réaction de défense contre l’art moderne
Vingtième cours
Récapitulation — Rancune des laissés pour compte contre le nouvel art — Demi-culture — Aliénation de l’art moderne par rapport à la consommation comme élément social — Le pseudo-réalisme de Lukács — Le concept d’idéologie — Le subjectivisme de Kant — Critique de la théorie de l’expérience esthétique — Polysémie de l’œuvre d’art
Vingt-et-unième cours
Rétablissement de la vérité — L’idée dans la totalité des moments — « … être entièrement accompli par la chose » — Expérience vécue — Psychologie de l’artiste — Empathie — L’œuvre d’art comme esprit objectivé — Production artistique
Notes et plan
Bibliographie
Index des noms