Lyon, 1544, 1545, 1555 : trois dates mémorables dans l'histoire de ce Lyon de la première moitié du XVIe siècle, qui prétendait aux fastes de la royauté spirituelle de la France. Maurice Scève, Pernette du Guillet et Louise Labé, trois noms prestigieux qui ont brillé d'un éclat tout neuf dans le ciel renaissant de la poésie française. Maurice Scève fut le plus grand d'entre eux, mais, par suite d'un paradoxe, ce fut le souvenir de Louise Labé qui prévalut dans la mémoire des hommes. Quant à Pernette du Guillet, mal connue du public, sa gloire fut d'avoir offert la grâce de ses seize ans aux regards de Maurice Scève dont elle fut l'insigne inspiratrice sous le nom emblématique de Délie, image divinisée de l'éternel féminin. Le mérite de Pernette est d'avoir su parler de son amour pour Scève, dans un langage enjoué, empreint d'une élégance pudique, limpide et sensible.
Paul Ardouin tente d'expliquer la démarche spirituelle de nos trois héros, par la voie des symboles, en utilisant la puissance mythique des éléments les plus évocateurs de l'imagination universelle : l'eau pour Pernette du Guillet, le feu pour Louise Labé et la lumière pour Maurice Scève. On a souvent réuni sous le vocable d'École lyonnaise, l'essentiel de la pensée philosophique, poétique et musicienne de chacun de nos trois poètes, authentiques lyonnais de naissance, d'existence, de cœur et d'esprit. La plupart des critiques ont respecté cet usage, tout en refusant d'accorder au terme d'École le privilège de sa légitimité sémantique. Reconnaissons cependant, avec l'auteur de cet essai, que la publication de la Délie de Scève, des Rymes de Pernette, et des Œuvres de Louise, représente un événement remarquable dans l'histoire littéraire de la France.
Maurice Scève, Pernette du Guillet et Louise Labé ont été les grands précurseurs d'un art poétique consacré aux joies et aux tourment de l'amour, ainsi qu'à son mystérieux pouvoir d'ascension de l'être vers le ciel d'une autre lumière. Serait-il trop excessif de penser que la glorieuse institution de la Pléiade doit une part de son élan au génie novateur de ce que l'on a bien voulu désigner sous le nom d'École lyonnaise ?
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Avant-Propos
Introduction
Chapitre I : la vie à Lyon au temps de la Renaissance
- Les foires de Lyon et le commerce international
- Les guerres d'Italie et la bataille de Marignan
- Un nouvel art de vivre : primauté de la femme
- Naissance d'un nouvel humanisme
- L'imprimerie lyonnaise
Chapitre II : Maurice Scève et la renaissance lyonnaise
- Les cercles littéraires de Lyon
Chapitre III : Les « sources » de l’École lyonnaise
- Les origines du mouvement platonicien
- Marsile Ficin et l'Académie de Florence
Chapitre IV : l’École lyonnaise devant le platonisme
Chapitre V : Les séquelles du platonisme
- Les dialogues d'amour de Léon l'Hébreu
- El cortegiano de Castiglione
- La querelle des deux amies
Chapitre VI : l’École lyonnaise devant le pétrarquisme
Chapitre VII : Les autres sources de l’École lyonnaise
- L'influence médiévale : Les Troubadours, Dante et le « Dolce stil novo » - Tristan et Yseult et le Roman de la Rose
- Le « fond commun » de l'érotisme
- Les Rhétoriqueurs
Conclusion
Première Partie : Pernette du Guillet. Les rêves et les sortilèges de l’eau amoureuse
Chapitre I : La vie et l’œuvre de Pernette du Guillet
Chapitre II : Présentation et agencement des « Rymes »
Chapitre III : La signification symbolique de l’eau dans l’œuvre poétique de Pernette du Guillet
- L'eau, source de vie et de rêves
- La limpidité de l'eau ou l'hommage d'une offrande sensuelle et mystique
- L'eau virginale du lac et les rayons « fécondants » de l'aurore, ou la journée séduite par la lumière du jour
- Pernette du Guillet et les grands thèmes de l'eau
- L'eau, reflet de la lumière du jour
- L'eau miroitante, reflet mouvant de l'âme de Pernette
- L'eau courante, source de purification
- Les rêves et les sortilèges de l'eau amoureuse, symbole de régénérescence et de résurrection
Chapitre IV : Sur certains aspects des états d’âme de Pernette du Guillet
- Sur la doctrine de l'amour
- L'amour à deux visages et les « délices » de la douleur
- Bonheur, sacrifice, union des âmes et réciprocité
- Le rendez-vous manqué ou les artifices de la coquetterie féminine
- La fière révolte de Pernette se laissant malgré tout séduire par les sollicitations de l'amour
- Le temps de la calomnie et les « variations » sur « la robe fourrée de Danaé »
- Musique, contrepoint, harmonie et rythme
- La nature, les travaux des champs et l'enchantement des premières lueurs de l’aube
- L'eau qui s'écoule immobile et les illusions du temps qui fuit
Conclusion
Deuxième Partie : Louise Labé. L’impétuosité inassouvie dans les flammes du désir, l’exaltation du repentir dans le feu de la résurrection
Chapitre I : La vie et l’œuvre de Louise Labé
- La naissance
- Adolescence et éducation
- « L'aventure » de Perpignan
- L'appel, les joies et les tourments de l'amour
- Olivier du Magny
- Louise Labé devant les « dames lyonnaises »
- La vie de Louise Labé avant son mariage
- Le mariage de Louise avec Ennemond Perrin
- Louise la « Belle Cordière »
- Le Débat de Folie et d'amour
- Les Elégies et les Sonnets
- Pelletier du Mans, ami de Maurice Scève et admirateur de Louise Labé - Le succès, l'oubli et la mort de Louise
Chapitre II : Louise Labé fut-elle une courtisane ?
- Les réunions de la rue Confort
Chapitre Ill : La signification symbolique du feu dans l’œuvre poétique de Louise Labé
- Louise Labé lectrice de la Délie
- Symbolisme du feu et platonisme
- Louise Labé et les trois grandes figures du feu
- Le mythe de Prométhée
- La Salamandre
- Le Phénix
- Alchimie du feu : sensualité, consomption et sublimation du désir
Chapitre IV : Sur certains aspects des états d’âme de Louise Labé
- Le songe amoureux
- La musique
- La Nature
- Louise Labé et la primauté de l'âme
- La prière devant la mort
Conclusion
Troisième Partie : Maurice Scève. La volupté dans la sublimation du désir, l’espérance dans la lumière
Chapitre I : La vie et l’œuvre de Maurice Scève
- Les années de jeunesse (1510-1522)
- Les années contemplatives (1522-1530)
- Les années laborieuses (1530-1533)
- La découverte du tombeau de Laure
- Flamète et les premières confidences
- Le concours des blasons (1536)
- Arion ou la déploration de la mort du Dauphin (1536)
- Les années de lumière (1536-1544)
- Délie « objet de plus haute vertu » (1544)
- Les années de recueillement (1543-1547) (La Saulsaye)
- Les années d'apothéose (1547-1548)
- Les années d'amitié (1550-1555)
- Le Microcosme (1562)
- La mort de Maurice Scève (1562 ?)
Chapitre II : La signification symbolique de la lumière dans l’œuvre poétique de Maurice Scève
- Maurice Scève prince des lumières, virtuose du regard, fils de l'aurore
- Délie objet de plus haute vertu
- L'apparition miraculeuse
- Platonisme, sensualité et spiritualité
- Le narcissisme de Scève
- Maurice Scève poète mystique
- L'espérance dans la lumière
- La prière devant la mort et l'image de la mère
- Maurice Scève éternel guetteur de l'aube et de l'aurore
- L'aurore ou le miracle de la résurrection
Chapitre III : sur certains aspects des états d’âme de Maurice Scève
- Souffrir non souffrir
- Vivre sans vivre, mourir sans mourir
- Le refus de la mort
- Le songe amoureux
- Une allée détournée du platonisme : la volupté dans l'inassouvissement du désir
- Amour, nature et poésie
Chapitre IV: Maurice Scève et la musique
- Pontus de Tyard
- La Délie et ses cinquante emblèmes ou l’expression musicale de la poésie de la répétition
- L'origine cabalistique du nombre 449
- Intérêt de la Décade et de la Pentade
- L'importance des emblèmes et de leur nombre dans l'édification « musicale » d’un plan de la Délie
- Esquisse d'un plan raisonné
- Sur la valeur du dizain en tant que pièce musicale autonome
- Musique, sensualité et spiritualité
Conclusions
Quatrième Partie : Réflexions sur l’École lyonnaise
- Souveraineté de la Délie
- La fusion des âmes et le désir de réciprocité
- Le mariage mystique de l'eau et du feu
- Microcosme et Macrocosme
- L'École lyonnaise et la musique
Cinquième Partie : Présentation des textes
Rymes de Pernette du Guillet
- Lettre préface d'Antoine du Moulin
- Épigrammes
- Chansons
- Rêves et sortilèges de l'eau amoureuse
- Elégie II
Les œuvres de Louise Labé
- Page de titre
- Lettre à Clémence de Bourges
- Elégie III
- Délices, déchirements, et souveraineté de l’amour
- Les Sonnets
- Louanges des divers poètes à Louise Labé
La Délie de Maurice Scève
- Page de titre
- Présentation des dizains
- Autographe de Maurice Scève