Revue de philologie, de littérature et d'histoire anciennes volume 83
Fascicule 2
- 224 pages
- Livre broché
- 16 x 24 cm
- Revue de philologie, de littérature et d'histoire anciennes
- Parution : 16/03/2012
- CLIL : 3146
- EAN13 : 9782252038338
- Code distributeur : 39584
Présentation
RÉSUMÉS
Miguel Canas. – Scribonia Caesaris et le stemma des Scribonii Libones
Plusieurs points font débat dans le stemma des Scribonii Libones : l'identité des deux premiers époux de Scribonia Caesaris, celle des enfants auxquels cette dernière donna le jour avant d'épouser Octavien, la nature de son lien de parenté avec L. Scribonius Libo (RE 20), consul en 34 av. J.-C., enfin le nombre de fils de ce dernier personnage. Une relecture prudente des sources permet de conclure que Scribonia Caesaris eut pour enfants, de l'un de ses deux premiers maris, lequel était un P. Cornelius Lentulus Marcellinus, petit-fils par son père de P. Cornelius Marcelli f. Lentulus (RE 230) et d'une Cornelia des Scipiones Nasicae, la Cornelia de l'élégie IV, 11 de Properce et au moins l'un des deux P. Cornelii consuls respectivement en 18 et en 16 av. J.-C. En outre, l'aspect du stemma des Libones se précise : Scribonia Caesaris était sœur de L. Libo (RE 20) et amita des deux fils de celui-ci.
Romain Garnier. – Sur la famille du grec βόσκω
Dans l'étude qui va suivre, on se propose de retracer l'histoire de la famille du gr. βόσκω « faire paître ». Ce groupe d'aspect archaïque ne possède aucune parenté clairement identifiable au sein de la famille indo-européenne, et la comparaison tourne court. Cependant, s'il s'avère infructueux de chercher une racine verbale susceptible de rendre compte des faits attestés, il n'est pas exclu de pouvoir dépasser l'aporie étymologique que soulève le gr. βόσκω en admettant une néo-racine d'émergence grecque : il y aurait eu essor d'un nivellement lexical, avec la disparition d'un supplétisme hérité, d'où la nécessité d'une néo-apophonie productive, conduisant à l'illusion d'une racine verbale authentique. Il s'agit de trouver la forme-pivot héritée, sur laquelle se fonde toute la famille du gr. βόσκω.
Pierre Ragot. – Hittite ḫaššikzi/ḫaššikkanzi « se rassasier », grec homérique ἆσαι/ᾱ῎µεναι « id. » et ἅδην « à satiété » : réflexions nouvelles à l'appui d'un rapprochement étymologique discuté
Le rapprochement du verbe homérique ἆσαι/ᾱ῎µεναι « se rassasier » avec la famille antolienne représentée notamment par le verbe hittite ḫaššikzi/ḫaššikkanzi « id. » invite à reconstruire en indo-européen une racine *h2es(-k)-/*h2s-(e)h2. Cette hypothèse contraint le linguiste à réinterpréter la forme *hᾰ(-δ)-, à laquelle on fait traditionnellement remonter l'adverbe ἅδην « à satiété », comme un degré zéro renouvelé d'après le degré plein *hᾱ- et à postuler, dans la préhistoire du grec, l'existence d'une racine alternante *ἀh-ᾱ-/*ἀh-ᾰ(-δ)- dont le grec ancien aurait conservé un vestige dans l'expression formulaire ἔδµεναι ἅδην # (E 203).
Ulrike Roth. – « In uilicationem relegauit » : Petronius, Satyrica 69.3
L'article soutient l'idée que le châtiment de Trimalchio dans Satyrica, 69, 3, consistait davantage en une dégradation de ses fonctions professionnelles que dans un transfert dans un autre lieu, comme la campagne.
Nathalie Rousseau. – Βεβα̑σιν ἄρτι δωµάτων ὑπόστεγοι : « péninsules syntaxiques » chez les poètes tragiques grecs
On trouve chez les poètes tragiques des adjectifs hypostatiques (créés à partir de syntagmes prépositionnels) accompagnés d'un complément au génitif qui fonctionne en réalité comme le complément du substantif qui constitue le second terme de l'adjectif, ainsi que le montre l'étude détaillée de plusieurs passages dans lesquels ces constructions apparaissent. Ce tour rare en grec, et jusque-là inexpliqué, relève en fait de ce que Cl. Hagège a décrit pour d'autres langues sous le terme de « péninsularité syntaxique », et qui connaît plusieurs degrés d'acceptabilité selon les langues, et selon les locuteurs d'une même langue. L'analyse précise de la fonction syntaxique des adjectifs hypostatiques présentant une telle construction, en lien avec l'emploi que l'on appelle traditionnellement « prédicatif », permet d'expliquer pourquoi ce tour, au-delà de son caractère poétique, est principalement représenté par des formes hypostatiques, ces dernières étant susceptibles, au premier stade du passage du syntagme à l'adjectif, d'être déjà pourvues des caractéristiques formelles des adjectifs, mais non encore de leurs propriétés sémantiques.
ABSTRACTS
Miguel Canas. – Scribonia Caesaris and the stemma of the Scribonii Libones
Several points of the stemma of the Scribonii Libones are much debated: the identity of Scribonia Caesaris' first two husbands and of the children to whom she gave birth before her marriage to Octavian, the nature of her kinship with L. Scribonius Libo (RE 20), consul in 34 B.C., finally how many sons the latter had. A careful reading of the related sources makes it possible to conclude that Scribonia Caesaris was mother, by one of her first two husbands, who was a P. Cornelius Lentulus Marcellinus, grandson by his father of P. Cornelius Marcelli f. Lentulus (RE 230) and a Cornelia of the Scipiones Nasicae, to the Cornelia of Propertius' elegy IV, 11 and at least to one of the two P. Cornelii who became consuls respectively in 18 and in 16 B.C. Moreover, the shape of the stemma of the Libones becomes clearer: Scribonia Caesaris was sister to L. Libo (RE 20) and amita to his two sons.
Romain Garnier. – About the word family of Greek βόσκω
The following paper is intended to explain the origin of Greek βόσκω "to feed", which lacks any reliable cognate within PIE, however archaic it seems to be. Although it is unsuccessfull to seek a PIE verbal root which may account for the attested facts, one may elucidate the desperate etymology of Greek βόσκω by assuming a secondary root, which would have arisen within Greek itself: an innovating lexical levelling would have ruled out the inherited root-suppletivism, so that it became necessary to produce a new ablauting pattern, giving the idea of a genuine verbal root. The point of this contribution is to find out the very inherited form, which the whole family of Greek βόσκω is based on.
Pierre Ragot. – Hittite ḫaššikzi/ḫaššikkanzi “to be satiated”, Homeric Greek ἆσαι/ᾱ῎µεναι “id.” and ἅδην “(to eat) one's fill”: new considerations in support of a disputed etymological connection
As it has been convincingly proven that the Anatolian family, reflected especially by the Hittite verb ḫaššikzi/ḫaššikkanzi “to be satiated”, was connected with the homeric verb ἆσαι/ᾱ῎µεναι “id.”, it is possible to reconstruct the Indo-European underlying root as *h2es(‑k)-/*h2s-(e)h2. On this assumption, the scholar is compelled to regard *hᾰ(-δ)-, on which there is a general agreement that the adverb ἅδην “(to eat) one's fill” goes back, as a new zero grade remodelled from the full grade *hᾱ-. He would equally have to concede the existence in prehistoric Greek of an alternative root *ἀh-ᾱ-/*ἀh-ᾰ(-δ)-, the remnant of which Ancient Greek could have persisted in the formula ἔδµεναι ἅδην # (E 203).
Ulrike Roth. – “In uilicationem relegauit”: Petronius, Satyrica 69.3
The article argues that the punishment of Trimalchio at Satyrica 69.3 consisted more importantly in a downgrading of his professional capacity than in a transferral to another location such as the countryside.
Nathalie Rousseau. – Βεβα̑σιν ἄρτι δωµάτων ὑπόστεγοι: “syntactical peninsulas” in Greek Tragedy
In Greek Tragedy, adjectives derived from a prepositional phrase (“prepositional governing compounds”, or “hypostases”) are sometimes associated with a genitival complement, which is in fact linked with the substantive forming the second part of the adjective, as shown in the detailed study of several passages where this construction appears. This rare and as yet unexplained turn of phrase exemplifies what Cl. Hagège has described, in the case of other languages, under the name of “syntactical peninsulas”; its receivability depends both on the languages and on the different speakers of one language. A precise analysis of the syntactical function of these adjectival hypostases, in connection with the usually called “predicative use”, explains why this turn of phrase, besides its poetic nature, is mainly represented by hypostases. When they are at the first stage of changing from prepositional phrase to adjective, they may already bear the formal characteristics of adjectives, but not yet their semantic properties.